Journée d’étude doctorant·e·s et jeunes chercheur·euse·s - « Rentrer dans le moule ? Norme(s) et forme(s) en sciences humaines et sociales »

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lieu:  Université du Havre

 

Comme chaque année, l’Université Le Havre Normandie accueille doctorants et jeunes chercheurs en Sciences Humaines et Sociales de tous horizons afin d’échanger autour d’un objet transdisciplinaire. La problématique de cette nouvelle journée qui aura lieu en décembre 2021, « Rentrer dans le moule ? » propose d’explorer l’articulation entre les normes et les formes qui les véhiculent, dans des domaines aussi variés que la sociologie, le droit, l’histoire, la géographie, l’économie, les lettres et les langues et littératures étrangères, l’art dans le cadre du second axe scientifique du PRSH : « Normes, représentations, identités. »

Un moule est en effet un objet qui donne sa forme à une matière, ou bien, pris au sens figuré, un modèle qui permet de produire en série un objet utilitaire ou, pourquoi pas, une œuvre d’art, un concept, un être humain. Le produit qui en résulte à ceci d’intéressant qu’il semble dénué d’identité propre : identique aux autres, il voit sa valeur résider dans sa conformité au modèle, et non en lui-même. Le « moule », entendu dans un sens très large, permet ainsi d’organiser une réflexion autour de la reproduction de comportements, de formes artistiques, voire de formes de pensées, et pose la question des rapports entre créativité et norme.

Nous proposons aux participants de partir d’une méditation sur l’expression « rentrer dans le moule », et d’en questionner l’apparent bon sens. Elle sert souvent d’injonction à se conformer à un modèle collectif, effort nécessaire à la vie commune et fondateur en réalité de toute formation de l’individu, aux niveaux social, politique, intellectuel, etc. Mais l’expression est chargée de connotations négatives, et l’on se rebelle volontiers contre toute norme qui semble étouffer l’individu, brider l’expression de son être intime. L’identité est de fait un terme ambigu : s’agit-il d’être identique aux membres de son groupe, ou à soi-même ? En premier lieu, le moule peut donc évoquer pour les sciences humaines les normes sociales prescriptives, et qui appellent une transgression. Mais il n’est pas que cela, puisqu’il ouvre la réflexion sur des problématiques d’engendrement des formes artistiques (littéraires, filmiques...), la création artistique fonctionnant par écart à la norme.  De même, au niveau épistémologique, toute élaboration d’une pensée ne nécessite-t-elle pas formation – d’un modèle explicatif, voire du chercheur lui-même – puis sa remise en cause ? L’expression invite donc à explorer cette dialectique entre reproduction de la norme et sa subversion, et à mesurer combien toute identité est le fruit d’un travail de création. Comment se construit, finalement, une identité sociale, artistique, voire intellectuelle ?

Les communications, qui peuvent consister en une présentation d’un aspect important de votre thèse, pourront s’inscrire librement dans ce thème, en explorant un ou plusieurs des axes proposés : 

Un premier axe, « Se couler dans le moule », propose d’explorer les modalités de reproduction d’une forme. Il peut s’agir de décrire les processus qui ont présidé à l’écriture d’un texte, à la reproduction d’un comportement, à la transmission d’une identité, en tant qu’ils se conforment à un modèle préexistant et imposé. On pourra s’intéresser aussi à ce travail lui-même, comment il se présente, se justifie, et évolue. Par ailleurs, on pourra interroger l’aspect coercitif du moule : reproduire un modèle, n’est-ce pas le subir ?

Un deuxième axe, « Casser le moule », invite à étudier la production de nouvelles formes par l’invention ou la transgression, quand la libre création travaille les œuvres antérieures, ou que les identités se fissurent. On pense à la dimension créative de l’art ou de la pensée, mais aussi de l’identité. On peut aussi se demander si l’élaboration de nouvelles formes implique nécessairement le rejet du moule ou si celui-ci peut évoluer de concert avec la création.

Un troisième axe, « Façonner un moule », aborde un problème d’ordre épistémologique : comment ordonner, classer des objets ou des formes ? Quand le moule est inadapté, manque ou demeure introuvable, c’est au chercheur de le reconstituer à partir de la série d’objets plus ou moins hétérogènes qu’il étudie. Plus largement, on peut se demander d’où procède la norme.

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Les propositions de communication, de 400 à 500 mots, sont à envoyer à l’adresse jdd.prsh@univ-lehavre.fr avant le 17 septembre 2021. Elles devront faire figurer en préambule une courte biographie (nom, prénom, adresse électronique, laboratoire, champ disciplinaire et université d’origine).

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Comité d’organisation :

Cette journée est organisée à l’initiative des doctorants de l’Université Le Havre Normandie.

Florian Doré, doctorant, GRIC, section 9, inscrit en 2018

Jérôme Ordoño, doctorant, GRIC, section 11, inscrit en 2020.

Briac Picart Hellec, doctorant, GRIC, section 11, inscrit en 2018

Jessica Thrasher Chenot, docteure, GRIC, section 11, thèse soutenue en 2020.

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Comité scientifique :

Sonia Anton, Maître de conférences en littérature française, GRIC, Université du Havre

Myriam Boussahba-Bravard, Professeure de civilisation britannique, GRIC, Université du Havre

Jean-Noël Castorio, Maître de conférences en histoire ancienne, GRIC, Université du Havre

Nicolas Guillet, Maître de conférences en droit public, CERMUD, Université du Havre

Laurence Mathey, Professeur de langue et littérature du Moyen Âge, GRIC, Université du Havre

Patricia Sajous, Maître de conférences en géographie, UMR Idées Le Havre, Université du Havre

Orla Smyth, Maître de conférences en littérature anglaise, GRIC, Université du Havre

Stéphane Trois Carrés, Artiste / Enseignant chercheur, IDEA, Ecole Supérieure d'Art et de Design Le Havre-Rouen

Thomas Vaisset, Maître de conférences en histoire contemporaine, UMR Idées Le Havre, Université du Havre

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Bibliographie indicative :

Adorno Theodor Wiesengrund, Esthétique 1958-59, Eberhard Ortland (éd.), Michel Métayer et Antonia Birnbaum (trad.), Paris, Klincksieck, coll. « Critique de la politique », 2021.

Apollinaire Guillaume, « L’Esprit nouveau et les Poètes », dans Pierre Caizergues et Michel Décaudin (éd.), Œuvres en prose complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, vol. II.

Avanza Martina et Gilles Laferté, « Dépasser la « construction des identités » ? Identification, image sociale, appartenance », Genèses, vol. 4, no 61, 2005, p. 134-152.

Benjamin Walter, L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, Frédéric Joly (trad.), Paris, Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2013 (édition originale : 1939).

Blanc Maurice et Olivier Chadoin (éd.), « Espaces et comparaisons internationales » (2015) (dossier), Espaces et société, 4, n°163, p. 7-105.

Bordwell David, The Way Hollywood Tells It. Story and Style in Modern Movies, Berkeley/Los Angeles/Londres, University of California Press, 2006.

Bourdieu Pierre, Les Règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Points, coll. « Points Essais », 2006.

Breton André, Manifestes du surréalisme, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2018 (édition originale : 1985).

Camilleri Carmel, Joseph Kastersztein, Edmond-Marc Lipiansky, Hanna Malewska-Peyre, Isabelle Taboada-Leonetti et Ana Vasquez-Bronfman, Stratégies identitaires, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Psychologie d’aujourd’hui », 2015.

Cannadine David (éd.), What is History Now?, Palgrave Macmillan, Basingstoke, 2002.

Chateau Dominique, L’Héritage de l’art. Imitation, tradition et modernité, Paris/Montréal, L’Harmattan, coll. « L’ouverture philosophique », 1999.

Compagnon Antoine, Le Démon de la théorie. Littérature et sens commun, Paris, Points, coll. « Points Essais », 2014.

Duby Georges, « Histoire sociale et idéologies des sociétés », dans Jacques Le Goff et Pierre Nora (éd.), Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1974, p. 201-228.

Eco Umberto, « Innovation et répétition. Entre esthétique moderne et post-moderne », Réseaux, no 68, 1994, p. 1-18.

Edgerton Gary R. et Brian G. Rose (éd.), Thinking Outside the Box. A Contemporary Television Genre Reader, Lexington, University Press of Kentucky, 2008 (édition originale : 2005).

Esquenazi Jean-Pierre, « L’Inventivité à la chaîne. Formules des séries télévisées », MEI, no 16, 2002.

Foucault Michel, Les Mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1999 (édition originale : 1966).

Genette Gérard, L’Œuvre de l’art, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 2010.

Godelier Maurice, L’idéel et le matériel. Pensée, économies, sociétés, Paris, Flammarion, coll. « Champs Essais », 2010 (édition originale : 1984).

Gracq Julien, La Littérature à l’estomac, Paris, Corti, 2018 (édition originale : 1950).

Gracq Julien, En lisant, en écrivant, Paris, Corti, coll. « Domaine français », 2015 (édition originale : 1980).

Jourde Pierre, La Littérature sans estomac, Paris, Pocket, coll. « Agora », 2003.

Legrand Stéphane, Les Normes chez Foucault, Paris, Presses universitaires de France, 2007.

Mittell Jason, Complex TV. The Poetics of Contemporary Television Storytelling, New York University Press, New York/Londres, 2015.

Molinié Georges et Pierre Cahné (éd.), Qu’est-ce que le style ? Actes du colloque international, Paris, Presses universitaires de France, 1994.

Pavel Thomas, La Pensée du roman, nouvelle éd. revue et refondue, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2014.

Rousset Jean, Forme et signification. Essai sur les structures littéraires de Corneille à Claudel, Paris, Corti, 2006 (édition originale : 1962).

Schaeffer Jean-Marie, Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 1989.

Trias Jean-Philippe (éd.), Après Welles. Imitations et influences, Sesto San Giovanni, Mimésis, 2021.

Veyne Paul, Comment on écrit l’histoire, Paris, Points, coll. « Histoire », 2015 (édition originale : Seuil, 1971).

Viala Alain, La Naissance des institutions de la vie littéraire en France au XVIIe siècle (1643-1665), Thèse d’Etat, Paris, Université de la Sorbonne Nouvelle, 1983, 4 vol.

Westphal Bertrand, Le Monde plausible. Espace, lieu, carte, Paris, Minuit, coll. « Paradoxe », 2011.

Zumthor Paul, Essai de poétique médiévale, Paris, Seuil, coll. « Points Essais », 2000 (édition originale : 1972).

 

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